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Résultats du marché du travail de l’Ontario en mars 2020 dans le contexte de la pandémie de COVID-19

Messages clés

  • L’emploi en Ontario a connu en mars une chute record de 403 000 emplois, ou - 5,3 %, soit une perte plus de quatre fois plus importante que la perte d’emplois la plus élevée à survenir dans un mois jusqu’à maintenant.
  • Le taux de chômage de l’Ontario, qui s’établissait à 5,5 % en février, a augmenté en flèche de 7,6 % en mars, ce qui représente la hausse du taux de chômage la plus élevée à survenir en un mois[1].
  • Presque toutes les pertes d’emploi sont reliées à la pandémie de COVID‑19, laquelle a entraîné la cessation graduelle à l’échelle de la province de la plupart des activités non essentielles à compter de la mi‑mars. Le BRF estime qu’environ 1,2 million de travailleurs de l’Ontario ont été touchés directement par ces cessations d’activités, que ce soit par une perte d’emploi ou une réduction importante des heures de travail, ce qui représente un emploi sur six dans la province.
  • Étant donné que les restrictions exigées par le gouvernement ont été rendues plus strictes depuis l’Enquête sur la population active réalisée en mars, on prévoit que l’Ontario subira de plus amples pertes d’emploi en avril.
  • Dans un rapport qui sera publié en mai, le Bureau de la responsabilité financière (BRF) présentera des perspectives économiques et financières pour la province, lesquelles incluront les effets liés à la pandémie de COVID‑19 ainsi que les politiques du gouvernement visant à endiguer la crise.

 Aperçu du marché du travail de l’Ontario en mars 2020

Source : Statistique Canada et BRF.

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L’Ontario a subi une perte record d’emplois en mars

Selon l’Enquête sur la population active de Statistique Canada, le nombre d’emplois en Ontario a chuté dramatiquement en mars, pour atteindre une perte record de 403 000 emplois, soit - 5,3 %. Cette chute était plus de quatre fois supérieure à la perte d’emploi la plus importante à survenir par le passé, qui était de 95 700 emplois en janvier 2009, soit - 1,5 %. L’effondrement de l’emploi en mars ramène le nombre d’emplois dans la province à un niveau que nous n’avions pas vu depuis la moitié de l’année 2017.

Graphique 1 : L’Ontario a subi en mars la perte d’emplois la plus importante à survenir en un mois

Source : Statistique Canada et BRF.

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En raison de la forte perte d’emplois, le taux de chômage de l’Ontario a grimpé pour atteindre 7,6 % en mars, une hausse depuis le taux de 5,5 % enregistré en février. La hausse de 2,1 points de pourcentage du taux de chômage a été la plus forte hausse mensuelle jamais enregistrée, laquelle a amené le taux de chômage à son point le plus élevé depuis décembre 2013. La hausse du taux de chômage en mars aurait été encore plus élevée si de nombreux travailleurs mis à pied n’avaient pas décidé de cesser de chercher un emploi[2].

Les emplois à temps plein (- 249 000) et à temps partiel (- 154 000) ont chuté abruptement en mars. Près de 80 % des pertes d’emploi sont survenues dans le secteur privé (- 320 000), tandis que le travail autonome (- 40 000) et les emplois dans le secteur public (- 44 000) ont également chuté.

Incidence de la pandémie de COVID‑19 sur l’emploi

La détérioration dramatique en mars du marché du travail de l’Ontario reflète l’incidence de la pandémie de COVID‑19, laquelle a entraîné à la mi‑mars une cessation élargie et obligatoire des activités non essentielles qui se prolonge en avril à l’échelle de province[3]. Cependant, les résultats du marché du travail en mars se distinguent dramatiquement des périodes précédentes de grandes pertes d’emploi. Au cours des dernières récessions, des chutes importantes des dépenses des ménages, des exportations et de l’investissement ont forcé les entreprises à réduire la production et leurs effectifs. Dans le contexte des fermetures actuelles, les entreprises ont reçu l’ordre de cesser temporairement leurs activités, ce qui a forcé certaines d’entre elles de mettre des employés à pied.

Le BRF estime qu’environ 1,2 million de travailleurs de l’Ontario, ce qui représente près d’un emploi sur six à l’échelle de la province, ont été touchés directement par les fermetures, que ce soit par une perte d’emploi ou une réduction importante des heures de travail. En plus de la perte nette de 403 000 emplois, le BRF estime que près de 500 000 employés supplémentaires n’ont travaillé aucune heure, tandis que 300 000 autres employés ont travaillé moins que la moitié de leurs heures normales durant la semaine de référence[4], largement pour des raisons liées à la COVID‑19.

Les travailleurs occupant des rôles en contact avec le public ont été sévèrement touchés par la crise en mars, et ont subi des pertes d’emplois importantes dans l’industrie des services d'hébergement et de restauration (- 119 600 emplois, soit - 26,7 %), l’industrie du commerce de gros et de détail (- 87 600 emplois, soit - 7,9 %) et l’industrie de l’information, de la culture et des loisirs (- 30 200, soit - 9,8 %).

Les travailleurs vulnérables ont été touchés particulièrement durement par les fermetures liées à la pandémie. Les travailleurs temporaires ont subi des pertes d’emploi à un rythme beaucoup plus élevé (- 14,0 %) comparativement aux employés permanents (- 5,6 %)[5]. Pour les jeunes travailleurs (âgés de 15 à 24 ans), dont un grand nombre occupent des postes temporaires ou à temps partiel, le nombre d’emplois a connu une chute brutale de 158 800 emplois (ou - 15,8 %).

Les travailleurs à temps partiel (- 11,3 %) ont perdu leur emploi à une fréquence trois fois plus élevée que les travailleurs à temps plein (- 4,0 %). Les travailleuses à temps partiel ont été également plus touchées par les pertes d’emploi en mars, enregistrant une perte de 109 100 emplois (ou - 12,4 %).

Tandis que les fermetures exigées par la province des activités non essentielles à compter de la mi‑mars, le nombre total d’heures travaillées en Ontario a chuté dramatiquement, tombant à 13,1 % en mars comparativement à l’année précédente, ce qui constitue le nombre d’heures travaillées le plus faible depuis la fin de 2009.

Presque toutes les augmentations du taux de chômage ont été causées par les mises à pied temporaires survenues en mars. Le nombre de chômeurs ayant subi une mise à pied temporaire a augmenté d’un facteur huit en mars comparativement à l’année précédente, celle ayant connu le nombre le plus élevé depuis 1976.

Tableau 1 : Principaux indicateurs de l’emploi en Ontario

2019

2020

Moyenne annuelle

Oct.

Nov.

Déc.

Janv.

Févr.

Mars

2018

2019

Variation totale de l’emploi (en milliers)

‑11,9

17,9

17,1

15,9

‑3,2

-402,8

114,4

210,2

Taux de chômage (en pourcentage)

5,3

5,5

5,3

5,2

5,5

7,6

5,6

5,6

Variation de l’emploi par catégorie (en milliers)

  Temps plein

‑17,5

32,5

35,5

10,0

20,3

-248,5

130,3

156,8

  Temps partiel

5,6

‑14,6

‑18,5

6,0

‑23,5

-154,3

‑15,9

53,4

  Employés du secteur public

20,2

6,4

‑3,5

‑6,0

5,3

-43,5

47,6

9,2

  Employés du secteur privé

‑36.1

37,4

34,3

9,3

‑18,1

-319,5

50,0

122,8

  Travailleurs autonomes

3,9

‑25,9

‑13,8

12,7

9,5

-39,7

16,8

78,2

Source : Statistique Canada et BRF.

Presque tous les secteurs ont subi des pertes d’emploi en mars

Presque tous les grands groupes industriels ont subi des pertes d’emploi en mars. Les pertes d’emploi étaient particulièrement importantes dans les industries comportant un contact avec le public, notamment les services d'hébergement et de restauration (- 119 600, ou - 26,7 %), le commerce de gros et de détail (- 87 600, ou - 7,9 %), l’information, la culture et les loisirs (- 30 200, ou - 9,8 %) et les soins de santé et l’assistance sociale (- 56 100, ou - 6,1 %).

Les industries qui sont les plus susceptibles d’appuyer les employés qui travaillent de la maison ont connu des pertes d’emploi plus légères en mars, notamment les services professionnels et scientifiques (- 2 300), l’administration publique (- 3 300) ainsi que la finance, les assurances et l’immobilier (- 6 200).   

Graphique 2 : L’emploi a chuté dans la plupart des industries en mars

Source : Statistique Canada et BRF.

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Toutes les provinces ont connu un ralentissement du marché du travail

À l’échelle nationale, un million de travailleurs ont perdu leur emploi au Canada (- 5.3 per cent) en mars, une perte record d’emplois en un mois. Le taux de chômage national a augmenté pour atteindre 7,8 %, ce qui représente une hausse brusque comparativement au taux de 5,6 % enregistré en février. Le marché du travail de toutes les provinces a subi des effets importants en raison de la crise de la COVID‑19 en mars; le Québec (- 6,0 %) et la Colombie‑Britannique (- 5,2 %) ont enregistré de fortes pertes d’emploi et de fortes hausses du taux de chômage.

Graphique 3 : Le taux de chômage a augmenté dans presque toutes les provinces

Source: Statistics Canada.

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Perspectives d’avenir

On prévoit que les mesures prises par les gouvernements fédéral et provincial durant la crise de la COVID‑19 appuieront le marché du travail. Cependant, la poursuite des mesures de confinement visant à endiguer la propagation du virus de la COVID‑19 continuera d’exercer un effet adverse sur l’emploi au cours des prochains mois.

La publication de la prochaine Enquête sur la population active de Statistique Canada est prévue pour le 8 mai, et indiquera vraisemblablement que de plus amples pertes d’emploi importantes sont survenues en avril. Certaines des industries de l’Ontario qui ont subi des pertes d’emploi relativement modestes en mars ont été touchées plus sévèrement par les récentes mesures visant à réduire davantage les activités, ce qui mènera probablement à une réduction de l’emploi en avril. Cependant, le nouveau programme de Subvention salariale d’urgence du Canada peut encourager certains employeurs à réembaucher des travailleurs.

Chronologie des mesures provinciales de lutte contre la pandémie de COVID‑19

Source : Ontario.ca et BRF.

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Bien qu’on ait prévu que les pertes d’emploi seraient sévères aux premières étapes de la pandémie, la plupart des prévisionnistes économiques s’attendent à un redressement de l’emploi tandis que les restrictions liées à la crise de la COVID‑19 sont allégées au cours des prochains mois.

Le Bureau de la responsabilité financière (BRF) publiera un rapport sur les perspectives économiques et financières en mai, lequel inclura les impacts économiques et financiers liés à la pandémie de COVID‑19, ainsi que les politiques du gouvernement visant à endiguer la crise.


À propos du présent document

Établi en vertu de la Loi de 2013 sur le directeur de la responsabilité financière, le Bureau de la responsabilité financière (BRF) a pour mandat de fournir une analyse indépendante de la situation financière de la province, des tendances de l’économie provinciale et de toute autre question d’intérêt pour l’Assemblée législative de l’Ontario.

Préparé par :
Sabrina Afroz (Économiste) et Paul Lewis (Directeur, Analyse économique et budgétaire)


Aperçu du marché du travail de l’Ontario en mars 2020

L’infographie présente les renseignements suivants :

  1. Environ 1,2 million de travailleurs ont été directement touchés par les fermetures liées à la COVID-19
    1. 403 000 pertes d’emploi
    2. 800 000 employés supplémentaires ont travaillé beaucoup moins d’heures
  2. Le taux de chômage a augmenté pour passer de 5,5 % en février à 7,6 % en mars
  3. Le nombre total d’heures travaillées en mars a chuté de 13,1 % par rapport à l’année dernière

Graphique 1 : L’Ontario a subi la perte d’emplois la plus importante à survenir en un mois

Ce graphique présente le nombre d’emplois mensuels en Ontario de janvier 1976 à mars 2020. Le graphique montre que l’Ontario présente une chute mensuelle record du nombre d’emplois en mars 2020 comparativement aux pertes d’emplois durant les récessions du passé (récession de 2008-2009, récession de 1990-1991 et récession de 1981-1982).

Le graphique présente également les plus grandes pertes d’emploi mensuelles subies durant les récessions du passé.

Pertes d’emploi les plus importantes durant les récessions

En milliers

Mars 2020

- 402,8

Janv. 2009

- 95,7

Nov. 2008

- 82,1

Févr. 1991

- 50,2

Source : Statistique Canada et BRF.


Graphique 2 : L’emploi a chuté dans la plupart des industries en mars

Industrie (en milliers)

Mars 2020

Services aux entreprises, services relatifs aux bâtiments et autres services de soutien

2,5

Foresterie, pêche, mines, exploitation en carrière, et extraction de pétrole et de gaz

- 2,2

Services professionnels, scientifiques et techniques

- 2,3

Administration publique

- 3,3

Construction

- 4,9

Finance, assurances, services immobiliers, location et crédit-bail

- 6,2

Agriculture

- 6,5

Services publics

- 7,7

Transport et entreposage

- 8,7

Autres services (sauf administration publique)

-13,6

Services d’enseignement

- 24,8

Information, culture et loisirs

- 30,2

Fabrication

- 31,6

Soins de santé et assistance sociale

- 56,1

Commerce de gros et de détail

- 87,6

Services d’hébergement et de restauration

- 119,6


Graphique 3 : Le taux de chômage a augmenté dans presque toutes les provinces

Févr. 2020

Mars 2020

Canada

5,6

7,8

Terre-Neuve-et-Labrador

12

11,7

Île-du-Prince-Édouard

8

8,6

Nouvelle-Écosse

7,8

9

Nouveau-Brunswick

6,9

8,8

Québec

4,5

8,1

Ontario

5,5

7,6

Manitoba

5

6,4

Saskatchewan

6,2

7,3

Alberta

7,2

8,7

Colombie-Britannique

5

7,2


Chronologie des mesures provinciales de lutte contre la pandémie de COVID-19

  • 11 mars — Déclaration de la pandémie : L’Organisation mondiale de la santé déclare la pandémie
  • 12 mars — Fermeture des écoles publiques : Ordonnance de fermeture des écoles publiques à compter du 14 mars
  • 15 mars — Début de la semaine de référence de l’Enquête sur la population active
  • 16 mars — Distanciation sociale : Tous les programmes récréatifs, les écoles privées ainsi que les garderies et jardins d’enfants sont fermés
  • 17 mars — Situation d’urgence provinciale : L’Ontario déclare la situation d’urgence
  • 21 mars — Fin de la semaine de référence de l’Enquête sur la population active
  • 23 mars — Fermetures d’entreprises : Fermeture obligatoire des lieux de travail non essentiels (Liste élargie le 3 avril)
  • 30 mars — Prolongement de la situation d’urgence : Déclaration d'urgence prolongée au 12 mai

[1] L’Enquête sur la population active (EPA) est menée chaque mois par Statistique Canada et est fondée sur un échantillon d’environ 15,000 ménages de l’Ontario qui répondent à des questions sur leur statut d’emploi, les heures travaillées et les revenus touchés. L’EPA est le rapport sur l’emploi examiné le plus attentivement au Canada en raison de la rapidité et de la fréquence de sa publication. L’enquête présente une gamme élargie de renseignements sur le marché du travail, comme les différentes industrie, la démographie et les données régionales. Les données mensuelles présentées dans ce rapport sont ajustées tous les trimestres, sauf mention contraire. L’Enquête sur la population active de Statistique Canada a été instaurée sous sa forme actuelle en 1976.

[2] Les particuliers qui ont perdu leur emploi et ont décidé de ne pas chercher d’emploi ne sont pas classés comme étant sans emploi et ne sont pas inclus dans la main‑d’œuvre.

[3] Voir la page 5 pour consulter la chronologie des mesures liées à la pandémie de COVID‑19 en Ontario.

[4] La semaine de référence de l’EPA était celle du 15 au 21 mars.

[5] Chiffres non ajustés pour la saisonalité.

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