Rapport Marché du travail 2019

Bons résultats affichés par le marché du travail de l’Ontario en 2019

Le marché du travail de l’Ontario a affiché de bons résultats en 2019, soit la plus forte hausse du niveau d’emploi jamais enregistrée. Le taux de chômage annuel est resté le même qu’en 2018, soit 5,6 %, mais il n’a jamais été aussi bas depuis 1989. La vigueur de la création d’emplois s’est accompagnée d’une hausse soutenue des salaires moyens et d’une proportion accrue d’Ontariens et d’Ontariennes faisant partie de la population active pour la deuxième fois seulement depuis les 10 dernières années.

Toutefois, le marché du travail de l'Ontario continue de faire face à des défis importants, notamment une répartition inégale des gains sur le marché du travail entre les collectivités de la province, une augmentation du travail indépendant qui peut être précaire, et une diminution du nombre moyen d'heures travaillées par employé découlant en partie de l'augmentation des emplois à temps partiel.

La plus forte augmentation annuelle du nombre d'emplois jamais enregistrée, avec le secteur privé comme fer de lance

Il s’est créé 210 000 nouveaux emplois nets au sein de l'économie ontarienne en 2019, soit la plus forte augmentation du nombre d'emplois jamais enregistrée[1]. Malgré le rythme soutenu de la création d'emplois, le taux de chômage annuel s'est maintenu à 5,6 %, car un nombre relativement important de personnes sont entrées sur le marché du travail à la recherche d'un emploi.

Solides gains sur le marché de l'emploi, mais le taux de chômage est resté stable en 2019

Solides gains sur le marché de l'emploi, mais le taux de chômage est resté stable en 2019  

Sources : Statistique Canada et BRF.

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Les gains d'emploi en 2019 sont attribuables à une forte augmentation des emplois à temps plein (157 000, +2,7 %) et des emplois à temps partiel (53 000, +4,0 %). La création d'emplois s'est concentrée dans le secteur privé (123 000, +2,6 %) et le secteur du travail indépendant (78 000, +7,0 %), qui a enregistré sa plus forte augmentation du nombre d'emplois depuis 1997. En revanche, le nombre d'emplois dans le secteur public n'a augmenté que de 9 000 en 2019 (+0,7 %), en raison de la restriction continue des dépenses du gouvernement provincial.

C’est dans le secteur des services qu’ont été créés la majorité des emplois en Ontario l'année dernière, soit 196 000 emplois, ce qui constitue la plus forte hausse annuelle jamais enregistrée. Dans ce secteur, la création d'emplois a été particulièrement marquée dans les soins de santé et l'aide sociale (54 000, +6,4 %) et dans les services professionnels, scientifiques et techniques (45 000, +7,1 %). Le secteur produisant des biens n'a créé que 15 000 nouveaux emplois nets l'année dernière, les gains étant concentrés dans la construction (18 000, +3,4 %) et l'agriculture (5 000, +7,2 %). L'emploi dans le secteur manufacturier a diminué de 6 500 en 2019, marquant la deuxième année de suite de baisse de l'emploi.

La plus forte hausse salariale depuis 2008

Le salaire horaire moyen (pour l'ensemble des travailleurs) a augmenté de 3,6 % pour atteindre 28,34 $ en 2019, ce qui représente la plus forte hausse salariale depuis 2008. Après correction de l'impact de l'inflation des prix à la consommation, le salaire horaire moyen en Ontario a augmenté de 1,7 %.

Fortes hausses salariales deux années de suite

Fortes hausses salariales deux années de suite

Sources : Statistique Canada et BRF.

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De solides gains salariaux ont été enregistrés dans les services professionnels, scientifiques et techniques (+5,8 %), le secteur manufacturier (+5,7 %) et la construction (+5,5 %). Par contre, les travailleurs du secteur parapublic ont obtenu des gains salariaux plus modestes. Par exemple, les salaires des travailleurs des secteurs de la santé et de I'aide sociale n'ont augmenté que de 0,5 % en moyenne, tandis que les salaires moyens du secteur de I'éducation se sont accrus de 1,7 %.

Pour les travailleurs dont le salaire est plus faible, les gains moyens ont été modérés en 2019, après de fortes augmentations en 2018 qui avaient été stimulées par la hausse significative du salaire minimum en Ontario. Par exemple, les jeunes travailleurs (de 15 à 24 ans), qui sont plus susceptibles d'occuper des emplois au salaire minimum, ont vu leur salaire moyen augmenter de 6,0 % en 2019, après une hausse de 10,5 % en 2018. Les travailleurs à temps partiel ont enregistré une hausse moyenne de salaire de 2,3 % en 2019, après une augmentation de 6,4 % en 2018, tandis que les travailleurs du secteur de l'hébergement et de la restauration ont bénéficié d'une hausse moyenne de salaire de 3,0 % en 2019, après une augmentation de 9,9 % en 2018.

Les salaires des femmes ont augmenté de 3,8 % en 2019, soit une hausse supérieure à celle des hommes, qui s’est établie à 3,3 %, ce qui marque la troisième année d’affilée de réduction de l'écart salarial entre les sexes.

 

La forte demande de main-d'œuvre a favorisé la hausse du salaire horaire moyen

La forte demande de main-d'œuvre a favorisé la hausse du salaire horaire moyen

Sources : Statistique Canada et BRF.

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Le taux d'activité de l'Ontario a augmenté en 2019

Grâce à une croissance soutenue de l'emploi et des salaires, la proportion d'Ontariens et d’Ontariennes qui choisissent de faire partie de la population active est passée de 64,5 % en 2018 à 65,1 % en 2019. Il s'agit de la deuxième augmentation du taux d'activité global depuis les dix dernières années. La hausse du taux d’activité a été observée dans tous les principaux groupes d'âge. Pour les jeunes travailleurs (de 15 à 24 ans), le taux d'activité est passé de 60,2 % en 2018 à 61,3 % en 2019. Chez les travailleurs d'âge moyen (de 25 à 54 ans), le taux d'activité est passé de 85,6 % en 2018 à 86,3 % en 2019, ce qui représente le taux le plus élevé depuis 2013.

La hausse la plus remarquable du taux d’activité a trait aux travailleurs plus âgés (de 55 ans et plus), ce taux atteignant 38,7 %, le plus élevé jamais enregistré. La décision d'une proportion croissante d'Ontariennes et d'Ontariens plus âgés de rester plus longtemps sur le marché du travail est une tendance importante du marché du travail ontarien depuis la fin des années 1990. Des recherches ont révélé que cette tendance découle de plusieurs facteurs, notamment l'augmentation du niveau d'instruction des travailleurs plus âgés, le déplacement de l'emploi vers des emplois moins exigeants physiquement dans le secteur des services, la situation économique et l'amélioration des résultats en matière de santé[2].

Le taux d'activité des travailleurs plus âgés a atteint un sommet historique 

Le taux d'activité des travailleurs plus âgés a atteint un sommet historique

Sources : Statistique Canada et BRF.

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Malgré ces améliorations, l'Ontario reste à la traîne de la plupart des autres provinces quant au taux d’activité, y compris celui des travailleurs d'âge moyen. En 2019, le taux d’activité des Ontariennes d'âge moyen est passé à 82,1 %, comparativement à 81,5 % l'année précédente, mais il se situait au troisième rang parmi les plus faibles de toutes les provinces. En revanche, le taux d'activité des Québécoises d'âge moyen était de 86,9 % en 2019, soit environ cinq points de pourcentage de plus qu'en Ontario[3].

Le taux d'activité des travailleurs plus âgés a atteint un sommet historique 

Le taux d'activité des adultes ontariens est parmi les plus bas au Canada

Sources : Statistique Canada et BRF.

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Le taux d’activité des Ontariens d'âge moyen était de 90,6 % en 2019, par rapport à 89,7 % en 2018. Toutefois, ce taux se situait au cinquième rang parmi les plus faibles de toutes les provinces.

Il reste des défis à relever sur le marché du travail de l'Ontario

Bien que le marché du travail de l'Ontario ait affiché des améliorations significatives en 2019, plusieurs défis subsistent.

Répartition régionale inégale des gains d’emploi

Répartition régionale inégale des gains d'emploi

Sources : Statistique Canada et BRF.

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  • Malgré les importants gains d'emploi en 2019, cinq des 15 régions métropolitaines de recensement (RMR) de l'Ontario ont connu une baisse de l'emploi, les plus marquées ayant été enregistrées à Peterborough, Thunder Bay et St. Catharines-Niagara.
  • Depuis la récession de 2008-2009, la plupart des gains d'emplois en Ontario se sont concentrés dans les grandes RMR, en particulier à Toronto. De 2010 à 2019, Toronto a été à l'origine de près des deux tiers (65,9 %) des emplois créés en Ontario, ce qui est plus élevé que sa part de la population.
  • La concentration de la création d'emplois au sein des grandes RMR met en évidence le défi que représente la diversification économique des régions de l'Ontario. De nombreuses RMR sont très dépendantes des industries produisant des biens, telles que les industries manufacturières, qui ont connu des difficultés en raison de la concurrence mondiale croissante.

Part croissante du travail indépendant individuel

Part croissante du travail indépendant individuel

Sources : Statistique Canada et BRF.

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  • Le nombre de travailleurs indépendants sans employés salariés a augmenté de 80 000 (+10,3 %) en 2019, la plus forte croissance jamais enregistrée, ce qui représente près de deux nouveaux emplois sur cinq créés en Ontario. Par conséquent, la part de l'emploi total que représente cette catégorie de travailleurs indépendants a augmenté pour atteindre 11,5 %, le plus haut niveau jamais enregistré.
  • La croissance du travail indépendant individuel a été alimentée par les travailleurs de la construction (19 400, +21,0 %) et du transport et de l'entreposage (19 200, +26,2 %).
  • Les chercheurs considèrent les travailleurs indépendants sans employés salariés comme un type d'emploi plus précaire, ne bénéficiant pas de la sécurité qu'offrent les formules habituelles de travail[4].  
     

Diminution de la moyenne d'heures réelles travaillées

Diminution de la moyenne d'heures réelles travaillées

  • En 2019, les Ontariens et Ontariennes ont travaillé 32,3 heures en moyenne par semaine, soit le plus bas niveau jamais enregistré.
  • Le nombre moyen d'heures réelles des salariés a diminué dans la plupart des secteurs, les baisses les plus importantes ayant été enregistrées dans les soins de santé et l'aide sociale (-3,3 %), l'administration publique (-3,0 %) et le commerce de gros et de détail (-2,9 %).
  • La baisse du nombre moyen d'heures travaillées en 2019 découle en partie de la part croissante des employés à temps partiel dans la population active. Elle contribue également à expliquer pourquoi l'augmentation de l'emploi (+2,9 %) l'an dernier a dépassé de beaucoup la croissance estimée de la production économique réelle (+1,7 %)[5].

Sabrina Afroz
Économiste
Safroz@fao-on.org

Paul Lewis
Directeur de l’analyse économique et financière
Plewis@fao-on.org

Bureau de la responsabilité financière de l’Ontario
2, rue Bloor Ouest, bureau 900
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À propos du BRF

Établi en vertu de la Loi de 2013 sur le directeur de la responsabilité financière, le Bureau de la responsabilité financière (BRF) a pour mandat de fournir une analyse indépendante de la situation financière de la province, des tendances de l’économie provinciale et de toute autre question d’intérêt pour l’Assemblée législative de l’Ontario. Visitez notre site à l’adresse https://www.fao-on.org/fr/ et suivez-nous sur Twitter au https://twitter.com/InfoFAO.


Solides gains sur le marché de l'emploi, mais le taux de chômage est resté stable en 2019
Ce graphique illustre le changement net de l'emploi en Ontario et le taux de chômage de 2000 à 2019. Il s'est créé plus de 210 200 emplois en 2019, soit la plus forte augmentation du nombre d'emplois jamais enregistrée. Le graphique montre une diminution constante du taux de chômage annuel depuis 2009, s'établissant à 5,6 % en 2019, soit le même qu'en 2018.


Fortes hausses salariales deux années de suite
Ce graphique illustre une croissance nominale du salaire horaire moyen de tous les travailleurs de 2000 à 2019. Les salaires ont enregistré une hausse marquée de 3,6 % en 2019, la plus forte augmentation depuis 2008.


La forte demande de main-d'œuvre a favorisé la hausse du salaire horaire moyen
Ces trois graphiques illustrent la croissance nominale du salaire horaire moyen en 2018 et en 2019 pour trois groupes : selon l'âge, selon les emplois à temps partiel et à temps plein, et selon le sexe. Parmi les diverses catégories d'âge, les jeunes travailleurs de 15 à 24 ans ont obtenu une hausse salariale de 6,0 % en 2019, comparativement à 10,5 % en 2018. Le salaire des travailleurs d'âge moyen (de 25 à 54 ans) a augmenté de 3,6 % en 2019, par rapport à 3,1 % en 2018. Le salaire des travailleurs âgés de 55 ans et plus s'est accru de 2,5 % en 2019, comparativement à 2,2 % en 2018.
Le salaire des travailleurs à temps plein a augmenté de 3,7 % en 2019, par rapport à 2,9 % en 2018. Les travailleurs à temps partiel ont enregistré une hausse de salaire de 2,3 % en 2019, après une augmentation de 6,4 % en 2018.
Les salaires des hommes ont augmenté de 3,3 % en 2019, comparativement à 2,9 % en 2018. Les salaires des femmes se sont accrus de 3,8 % en 2019, comparativement à 4,4 % en 2018.


Le taux d'activité des travailleurs plus âgés a atteint un sommet historique
Ce graphique illustre le taux d'activité des travailleurs plus âgés de 1976 à 2019. Ce taux a atteint 38,7 % en 2019, le plus élevé jamais enregistré.


Le taux d'activité des adultes ontariens est parmi les plus bas au Canada
Ces deux graphiques illustrent le taux d'activité des Ontariens et des Ontariennes d'âge moyen en comparaison avec celui de toutes les autres provinces en 2019. Le taux d'activité des hommes adultes a été de 90,6 % en Ontario, ce taux se situant au cinquième rang parmi les plus faibles de toutes les provinces et étant plus faible que la moyenne canadienne de 91,3 %. Le taux d'activité des femmes adultes a été de 82,1 % en Ontario, ce taux se situant au troisième rang parmi les plus faibles de toutes les provinces, étant plus faible que la moyenne canadienne de 83,6 % et beaucoup plus faible que le taux d'activité des Québécoises, s'établissant à 86,9 %.


Répartition régionale inégale des gains d'emploi
Ce graphique illustre la contribution des 15 régions métropolitaines de recensement (RMR) à la création d'emplois en Ontario de 2010 à 2019. Toronto a représenté 65,9 % des emplois créés en Ontario, suivie d'Ottawa-Gatineau (8,1 %), de Hamilton (5,8 %), de Kitchener-Cambridge-Waterloo (4,7 %), d'Oshawa (3,7 %), de Windsor (2,5 %), de Barrie (2,2 %), de Guelph (1,4 %), de London (1,3 %), de Brantford (1,2 %), de Kingston (1,2 %), de St. Catharines-Niagara (1,0 %), du Grand Sudbury (0,5 %), de Peterborough (0,5 %) et de Thunder Bay (0,2 %).


Part croissante du travail indépendant individuel
Ce graphique illustre la part de l'emploi total en Ontario que représentent les travailleurs indépendants sans employés salariés de 1976 à 2019. Cette part est à la hausse. En 2019, elle a atteint 11,5 %, soit la plus élevée jamais enregistrée.


Diminution de la moyenne d'heures réelles travaillées
Ce graphique illustre la moyenne d’heures réelles travaillées (tous les travailleurs, emploi principal) par semaine en Ontario de 1976 à 2019. Cette moyenne est à la baisse, s’étant établie à 32,3 heures en 2019, le nombre le plus faible depuis 1976.

 

[1] Toutes les statistiques sur le marché du travail de ce document sont tirées de l’Enquête sur la population active de Statistique Canada et sont présentées sur une base annuelle moyenne. L’Enquête sur la population active courante a débuté en 1976.

[2] Pour des détails, voir Emploi et Développement social Canada, Promouvoir la participation des Canadiens âgés au marché du travail – Initiatives prometteuses, 2018.

[3] Pour des renseignements sur le faible taux d’activité des Ontariennes d’âge moyen, voir le rapport du BRF : Les services de garde d’enfants en Ontario : examen du nouveau crédit d’impôt et de son incidence sur la main-d’œuvre ontarienne.

[4] Pour des détails sur le travail indépendant, voir OCDE, Le travail indépendant est-il un travail de qualité?, dans Pallier la pénurie d’entrepreneurs 2017 : Politiques de l’entrepreneuriat inclusif, 2017, et Olena Kostyshyna, C. L., The Size and Characteristics of Informal (“Gig”) Work in Canada, 2019.